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Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où les bombardements israéliens ont fait 25 morts selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres.
Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive sur le territoire palestinien, affirmant vouloir contraindre le mouvement islamiste à libérer les otages toujours captifs depuis le 7 octobre 2023.
A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le président palestinien a accusé le Hamas d'avoir fourni à Israël "des prétextes pour commettre ses crimes dans la bande de Gaza, le plus flagrant (de ces prétextes) étant la détention d'otages".
"Notre peuple en paie le prix, pas Israël (...) Libérez-les", a déclaré Mahmoud Abbas, qui n'exerce plus d'autorité sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Usant d'une expression très vulgaire en arabe, il a qualifié les dirigeants du mouvement rival de "fils de chiens".
Membre du bureau politique du Hamas, Bassem Naïm a condamné des propos "insultants", et accusé le président palestinien de "rejeter la responsabilité des crimes" d'Israël sur les Palestiniens.
La branche armée du Hamas a publié dans l'après-midi une vidéo de moins de trois minutes d'un otage israélien, qui s'exprime en hébreu, décline son identité et demande au gouvernement israélien d'agir pour sa libération.
Dans la bande de Gaza, l'ONU a fait état de cas de "malnutrition aiguë sévère" parmi les 2,4 millions habitants assiégés, dont la plupart ont été déplacés par la guerre en cours depuis plus de 18 mois.
Une délégation du Hamas se trouve actuellement au Caire pour discuter avec les médiateurs de "nouvelles idées" visant à rétablir un cessez-le-feu, a indiqué un responsable du mouvement.
- "Vivre comme les autres" -
Mercredi, le bombardement israélien le plus meurtrier a détruit une école abritant des déplacés dans la ville de Gaza, dans le nord, faisant 11 morts et 17 blessés, dont "des femmes et des enfants", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Bassal.
Le raid a provoqué "un incendie massif dans le bâtiment et plusieurs corps calcinés ont été retrouvés", a-t-il dit.
Au total, 25 personnes ont été tuées dans des frappes dans le nord de Gaza ainsi qu'à Khan Younès, dans le sud, selon la Défense civile, qui a fait état de "personnes disparues sous les décombres dans différentes zones".
Des femmes éplorées se recueillaient dans la matinée à l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, devant des corps ceints de linceuls blancs.
"Nous ne voulons rien d'autre que la fin de la guerre pour pouvoir vivre comme le font les gens dans le reste du monde", s'exclamait à Khan Younès un habitant, Walid Al Najjar.
Selon Mahmoud Bassal, les secouristes manquent "d'outils et équipements nécessaires" pour s'acquitter de leur tâche.
L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.
Mardi, elle avait dit avoir détruit environ "40 engins du génie utilisés à des fins terroristes, y compris lors du massacre du 7 octobre".
Elle a accusé le Hamas d'utiliser ces engins "pour poser des explosifs, creuser des tunnels, percer des clôtures de sécurité et dégager les gravats pour retrouver des armes et du matériel militaire".
- Mesure "intolérable" -
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 1.928 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.305 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne.
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.
Le cauchemar des civils gazaouis est aggravé par le blocage de l'aide humanitaire imposé par Israël depuis le 2 mars.
Les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont conjointement exhorté mercredi Israël à mettre fin à cette mesure "intolérable" qui expose les civils à "la famine, des épidémies et la mort".
"Plusieurs personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère ont été admises à l'hôpital cette semaine", et ces cas "augmentent" a indiqué mardi l'agence humanitaire de l'ONU (Ocha).
Malgré les pénuries "environ 180 cuisines communautaires continuent de fonctionner" mais beaucoup (...) sont sur le point de fermer car les stocks s'épuisent", a-t-elle prévenu.
"Il n'y a pas de farine, pas de gaz et le bois de chauffage est rare", témoigne à Nuseirat (centre) Umm Mohamed Issa, dans une boulangerie communautaire. Bientôt "nous ne pourrons plus trouver de quoi nourrir nos enfants".
N.Wan--ThChM