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Trois nouveaux décès "liés au chikungunya" ont été enregistrés à La Réunion, portant à neuf le nombre de morts, selon les autorités sanitaires qui soulignent que l'épidémie se "stabilise à un haut niveau".
"Depuis le début de l'année, neuf décès survenus entre les semaines 11 et 14 (du 10 mars au 6 avril, NDLR) chez des personnes de plus de 70 ans porteuses de comorbidités ont été classés comme liés au chikungunya", a annoncé mercredi Santé publique France (SpF) dans son bulletin hebdomadaire consacré à l'épidémie.
Neuf autres décès, dont un néonatal, sont en cours d'investigation pour déterminer s'ils sont liés à cette maladie transmise par les moustiques.
L'agence sanitaire précise que l'épidémie se "stabilise à un haut niveau de transmission", avec plus de 39.000 cas confirmés de chikungunya signalés à La Réunion depuis le début de l'année.
Du 7 au 13 avril, la dernière semaine pour laquelle les données sont connues, 350 passages aux urgences ont été enregistrés contre 289 la semaine précédente, soit une hausse de 21%.
Le nombre de cas confirmés comptabilisés sur la même période est lui en baisse, de 6.237 à 4.304, mais Santé publique France précise que ce nombre n'est pas consolidé et qu'il pourrait donc s'avérer plus élevé.
Au total, "47 cas graves de chikungunya ont été signalés principalement chez des personnes âgées ou des nourrissons nécessitant une prise en charge en soins intensifs", souligne l'agence sanitaire. Il s'agissait de 27 adultes de plus de 65 ans, de trois personnes présentant des comorbidités et de 17 nourrissons de moins de trois mois.
Jusqu'alors, 261 hospitalisations dépassant 24 heures ont été signalées, dont près de la moitié concernait des personnes de plus de 65 ans, et un quart des moins de 6 mois, a précisé l'agence sanitaire.
- Vaccination au ralenti -
L'épidémie évolue dans des sens contraires sur le plan géographique. Le CHU sud voit une "stabilisation" des passages en urgence quand les antennes nord, est et ouest du centre hospitalier de La Réunion sont confrontés à une augmentation, jusqu'à +40% au CHU Nord.
Le sud de l'île, notamment la commune du Tampon, est le plus touché par le chikungunya depuis le début de l'année.
Dimanche, le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l'envoi de renforts médicaux pour faire face au pic de l'épidémie. Le plan blanc avait été déclenché début avril.
Il n'existe pas de traitement spécifique contre la maladie, mais une campagne de vaccination a été lancée début avril. Quelque 40.000 doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont arrivées à La Réunion et 60.000 doses supplémentaires ont été achetées.
Mais la campagne "démarre timidement", avec environ 3.000 personnes déjà vaccinées, a indiqué mardi le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS), Gérard Cotellon, à Emmanuel Macron en déplacement sur l'île.
Selon le ministre de la Santé Yannick Neuder, également sur place, "autour de 120.000" personnes pourraient avoir été contaminées par le chikungunya, maladie transmise par le moustique tigre.
L'épidémie actuelle a commencé en août 2024, mais les cas ont explosé à partir de mars 2025. Avant cette flambée, aucun cas de chikungunya n'avait été signalé depuis 2010 à La Réunion. Une grande épidémie y avait touché 260.000 personnes et fait plus de 200 morts entre 2005 et 2006.
La maladie, parfois surnommée la "maladie de l'homme courbé", se distingue par des douleurs articulaires, des maux de tête ou des fièvres qui peuvent être très brutaux et intenses.
W.Tam--ThChM