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Pékin et Washington continuent mercredi de se renvoyer la balle sur les droits de douane, alimentant l'incertitude quant à l'issue d'une guerre commerciale qui devrait provoquer un recul des échanges mondiaux et une hausse de l'inflation aux Etats-Unis.
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a estimé que ce recul du commerce mondial de marchandises pourrait atteindre jusqu'à 1,5% en volume en 2025, en fonction de l'ampleur de la politique protectionniste de Donald Trump.
La suspension temporaire des droits de douane punitifs américains les plus importants, sauf contre la Chine, va atténuer la contraction des échanges mais l'affrontement entre Pékin et Washington peut peser lourd.
A Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a tenu des propos fermes envers les États-Unis. S'ils" veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent (...) cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l'égalité, du respect et du bénéfice mutuel", a prévenu Lin Jian.
La veille, la porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt avait affirmé que la balle était "dans le camp de la Chine" pour des négociations, ajoutant: "C'est la Chine qui a besoin d'un accord avec les États-Unis" et non l'inverse.
De son côté, le président chinois Xi Jinping poursuit sa tournée en Asie du sud-est pour essayer d'organiser avec des voisins une riposte coordonnée aux droits de douane américains.
Après la Malaise mercredi, il sera jeudi au Cambodge, l'un des alliés les plus fidèles de la Chine en Asie du Sud-Est et où Pékin a étendu son influence ces dernières années.
Son pays a publié mercredi une croissance économique de 5,4% au premier trimestre 2025, plus forte qu'anticipé.
- "Hausse temporaire" -
Aux Etats-Unis, le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell a estimé que les décisions sur les droits de douane allaient "très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l'inflation", avec la possibilité que "les effets inflationnistes soient également persistants".
Lestée par ces perspectives moroses, Wall Street a clôturé en nette baisse mercredi: l'indice Nasdaq, où se concentre le secteur technologique, a notamment plongé de 3,07%.
Symbole de l'impact de la guerre commerciale sur le grand public, les plateformes chinoises de vente en ligne Shein et Temu ont annoncé une hausse prochaine de leurs prix, qu'elles ont justifiée par les "récents changements dans les règles de commerce mondial".
Outre les tarifs douaniers, les deux entreprises sont concernées par la fin de l'exemption de taxes sur les colis de moins de 800 dollars importés aux Etats-Unis, sur laquelle reposait leur modèle économique.
Après avoir suspendu la réception d'avions fabriqués par l'Américain Boeing -décision dénoncée par Donald Trump-, la Chine semble résolue à s'en prendre aussi à l'agriculture américaine: un responsable américain a confirmé à l'AFP le non-renouvellement par Pékin des licences de la majorité des exportateurs américains de viande de bœuf depuis mi-mars.
- Produits pharmaceutiques -
Chine et États-Unis sont lancés dans une surenchère: Washington a imposé au total 145% de taxe sur les produits chinois entrant sur son territoire, qui s'ajoutent à ceux existants avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, pour un total pouvant ainsi atteindre jusqu'à 245% en fonction des secteurs.
Pékin a répliqué avec une surtaxe qui atteint désormais 125% pour les produits américains.
Trump a cependant atténué ses annonces en exemptant les ordinateurs, smartphones et autres produits électroniques, ainsi que les semi-conducteurs, dont la majorité provient de Chine.
Hors Chine, la Maison Blanche a mis en pause pour 90 jours ses droits de douane réciproques supérieurs à un plancher de 10%, ouvrant la porte à la négociation.
Pressée par Bruxelles de parler au nom de ses partenaires européens mais déterminée à défendre le "Made in Italy", la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni rencontre jeudi à Washington Donald Trump, dont elle a l'oreille.
Mais les Etats-Unis comptent bien poursuivre la mise en place de droits de douane sectoriels, après les 25% déjà imposés sur l'acier et l'aluminium ainsi que sur l'automobile.
Sont désormais dans leur viseur les secteurs des produits pharmaceutiques, semiconducteurs et métaux rares, ainsi que les produits qui en sont issus, tels que l'électronique grand public.
P.Ho--ThChM