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Le groupe de luxe français Hermès a détrôné mardi son rival, le géant français du luxe LVMH, devenant la première capitalisation boursière à la clôture du CAC 40, l'indice vedette de la Bourse de Paris.
La valorisation d'Hermès en Bourse a atteint 248,60 milliards d'euros, contre 244,39 milliards d'euros pour le numéro un mondial du luxe LVMH, selon les calculs de l'AFP.
Cela fait d'Hermès la première capitalisation boursière du CAC 40 mais également la troisième capitalisation boursière européenne, juste derrière l'éditeur allemand de logiciels SAP et le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk.
Ce retournement est intervenu après la chute en Bourse de LVMH mardi, sanctionné par le marché au lendemain de la publication de ses ventes pour le premier trimestre, jugées décevantes par les analystes.
Après une année 2024 freinée par la faible demande en Chine, un de ses principaux marchés, le groupe fait face aux incertitudes géopolitiques, notamment aux Etats-Unis, où il est confronté à "une légère baisse" de son chiffre d'affaires, selon l'entreprise, et à une hausse des droits de douane. Depuis début janvier, le titre LVMH a baissé de plus de 23%.
Les chiffres publiés lundi ont "confirmé un début difficile pour 2025", relèvent les analystes de Jefferies.
Hermès, de son côté, ne connaît pas la crise. Depuis le 1er janvier, il gagne près de 1,5% sur le CAC 40, une progression notable dans un contexte plus difficile pour le secteur du luxe dans son ensemble après des années d'euphorie post-Covid.
- Bataille de positionnement -
Malgré ses 2.355 euros par action, le titre Hermès "continue d'attirer", affirme Andréa Tuéni, responsable des activités de marchés de Saxo Banque France. Une preuve de la "confiance qu'affichent les marchés dans la marque" célèbre à travers le monde pour ses iconiques sacs Kelly et Birkin et ses carrés de soie.
Hermès a mieux résisté au ralentissement de la demande mondiale de produits de luxe que ses concurrents. Un salut que la marque doit à "son positionnement +ultra luxe+, avec des articles achetés par une clientèle +ultra riche+", comparé à un "positionnement luxe uniquement du côté de LVMH", explique à l'AFP M. Tuéni.
En conséquence: "Hermès parvient à publier des résultats records, toujours en hausse", relève-t-il. Le sellier-maroquinier publiera son chiffre d'affaire du premier trimestre 2025 jeudi matin.
"Le paysage du luxe français est complétement éclaté", rappelle Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés à IG France.
"L'essor d'une classe moyenne aisée en Chine, qui pouvait accéder à un luxe globalement assez abordable" avait tiré vers le haut les groupes de luxe comme Kering, propriétaire de la marque Gucci, et LVMH, qui détient notamment Christian Dior et Louis Vuitton.
La rivalité date des années 2010, lorsque LVMH était entré par surprise au capital de Hermès, poussant les membres de la famille à s'unir dans la holding H51 pour contrer les appétits du milliardaire Bernard Arnault.
Hermès fonctionne avec une logique de rareté des articles. "Le groupe se base sur un haut niveau de créativité et d'artisanat avec des hausses de prix raisonnables", notent les analystes de HSBC.
Ce positionnement dans un secteur du luxe encore supérieur confère au groupe une meilleure capacité à résister aux crises économiques, et aux "phases où la Chine a beaucoup souffert", quand LVMH et Kering ont pris un coup, étant fortement exposés, souligne M. Baradez.
Des interrogations demeurent cependant quant aux conséquences sur le groupe de la guerre commerciale initiée par Donald Trump, à coup de salves de droits de douane contre ses partenaires commerciaux d'une ampleur sans précédant depuis les années 1930.
"Les ultra riches", la clientèle de prédilection de Hermès, "ont une exposition assez forte aux marchés financiers" qui ont connu de très fortes turbulences ces dernières semaines, prévient Alexandre Baradez.
A.Sun--ThChM