The China Mail - Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi

USD -
AED 3.672971
AFN 71.633316
ALL 90.15028
AMD 390.65139
ANG 1.790208
AOA 916.000208
ARS 1075.240199
AUD 1.66707
AWG 1.8025
AZN 1.701669
BAM 1.785401
BBD 2.019937
BDT 121.550441
BGN 1.789833
BHD 0.376812
BIF 2925.5
BMD 1
BND 1.347806
BOB 6.928063
BRL 5.8915
BSD 1.000438
BTN 85.886692
BWP 14.071636
BYN 3.273951
BYR 19600
BZD 2.009521
CAD 1.419105
CDF 2871.000051
CHF 0.856399
CLF 0.025814
CLP 990.58005
CNY 7.3086
CNH 7.34782
COP 4391.18
CRC 507.659163
CUC 1
CUP 26.5
CVE 100.299613
CZK 23.086025
DJF 177.719747
DKK 6.822201
DOP 63.095264
DZD 133.792975
EGP 51.397403
ERN 15
ETB 129.706476
EUR 0.913845
FJD 2.340899
FKP 0.774458
GBP 0.783555
GEL 2.749641
GGP 0.774458
GHS 15.496707
GIP 0.774458
GMD 71.502648
GNF 8655.999865
GTQ 7.722082
GYD 209.932898
HKD 7.76814
HNL 25.750093
HRK 6.887702
HTG 130.908693
HUF 372.538
IDR 16867
ILS 3.77925
IMP 0.774458
INR 85.996951
IQD 1310
IRR 42100.000023
ISK 132.409665
JEP 0.774458
JMD 157.77438
JOD 0.708902
JPY 147.907978
KES 129.492558
KGS 86.8327
KHR 3962.000228
KMF 450.500861
KPW 900
KRW 1469.890341
KWD 0.30792
KYD 0.833797
KZT 524.446798
LAK 21660.00035
LBP 90798.310473
LKR 297.977032
LRD 199.499029
LSL 18.770322
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.540199
MAD 9.527504
MDL 17.747936
MGA 4659.999906
MKD 56.233434
MMK 2099.820881
MNT 3508.612
MOP 8.006117
MRU 39.849789
MUR 45.150026
MVR 15.392016
MWK 1735.496871
MXN 20.61894
MYR 4.480097
MZN 63.910048
NAD 18.769714
NGN 1566.00028
NIO 36.775017
NOK 10.97051
NPR 137.416643
NZD 1.802825
OMR 0.384992
PAB 1.000424
PEN 3.668501
PGK 4.06275
PHP 57.311976
PKR 280.601706
PLN 3.927985
PYG 8008.763722
QAR 3.641035
RON 4.547302
RSD 107.068038
RUB 86.147282
RWF 1416
SAR 3.754683
SBD 8.316332
SCR 14.887727
SDG 600.50089
SEK 10.07457
SGD 1.350705
SHP 0.785843
SLE 22.750051
SLL 20969.501083
SOS 571.497124
SRD 36.664012
STD 20697.981008
SVC 8.75364
SYP 13001.844432
SZL 18.770189
THB 34.746497
TJS 10.870498
TMT 3.5
TND 3.040495
TOP 2.342097
TRY 37.993803
TTD 6.779955
TWD 32.986502
TZS 2691.721959
UAH 41.052646
UGX 3718.140656
UYU 42.138319
UZS 12940.000067
VES 70.161515
VND 25800
VUV 122.117563
WST 2.799576
XAF 598.823272
XAG 0.033547
XAU 0.000337
XCD 2.70255
XDR 0.744173
XOF 597.501522
XPF 108.299139
YER 245.649669
ZAR 19.581989
ZMK 9001.205864
ZMW 27.98795
ZWL 321.999592
  • AEX

    -40.0500

    801.26

    -4.76%

  • BEL20

    -163.3300

    3930.25

    -3.99%

  • PX1

    -347.7400

    6927.12

    -4.78%

  • ISEQ

    -395.9200

    9308.09

    -4.08%

  • OSEBX

    -6.0000

    1390.09

    -0.43%

  • PSI20

    -373.6000

    6262.28

    -5.63%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -102.8900

    2521.84

    -3.92%

  • N150

    -109.9600

    3013.92

    -3.52%

Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi
Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi / Photo: © AFP

Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi

Dans la grouillante mégalopole de Karachi, la plus grande ville du Pakistan, les cimetières sont pleins à craquer et les morts manquent d'espace pour reposer en paix.

Taille du texte:

Mais pour une bonne somme d'argent, donnée à la bonne personne, une concession peut être "trouvée" pour un être cher par des gangs véreux qui démolissent de vieilles tombes pour faire place à de nouvelles.

Dans la tentaculaire cité côtière (Sud), qui abrite 20 millions d'habitants, le cimetière du quartier privilégié de Pechs est officiellement complet depuis cinq ans.

Ce grand cimetière urbain est encombré de tombes. Petites ou grandes, elles sont encastrées les unes dans les autres, dans chaque recoin, semblables à des pièces de Tetris; certaines sont creusées à même le sol, d'autres surélevées sur un socle en pierre.

Malgré le manque de place, de nouvelles tombes apparaissent sans cesse, érigées sur d'anciennes sépultures démolies par des individus peu scrupuleux facturant des montants faramineux .

Des journalistes de l'AFP ont vu un groupe concassant une tombe et transportant furtivement dans des paniers les débris, jusqu'à ce qu'un espace suffisant pour en bâtir une nouvelle eût été dégagé.

"Il n'y a aucune place dans tout Karachi", explique l'un de ces hommes, Khalil Ahmed. "Nous devons détruire d'anciennes tombes si nous voulons en construire de nouvelles".

Le tarif fixé par l'administration pour un enterrement est de 7.900 roupies (40 euros). Mais deux résidents ont rapporté avoir payé l'an passé 55.000 et 175.000 roupies pour mettre en terre des proches, dans ce même cimetière.

Selon Khalil, l'argent est partagé entre une quarantaine d'hommes et d'adolescents qui, quand ils ne travaillent pas, se prélassent sur des banquettes à l'ombre.

- 'La mafia des fossoyeurs' -

Avec ses comparses, il fait partie de ce que la classe politique et les médias appellent la "mafia des fossoyeurs".

Le mot mafia est employé à toutes les sauces au Pakistan. On se plaint de la "mafia du lait" qui mélange de l'eau au lait, de la "mafia du sucre" qui fait monter les prix, de la "mafia de la terre" qui accapare les terres.

Les fossoyeurs profitent de la croissance démographique du pays. Le Pakistan est le 5e plus peuplé au monde, avec 220 millions d'habitants, et sa population augmente de quatre millions de personnes chaque année. Cette hausse s'accompagne d'un fort exode rural.

Muhammad Aslam, 72 ans, a vu la mafia des fossoyeurs prospérer avec l'essor de la population de Karachi. Quand il s'est installé juste à côté du cimetière de Pechs en 1953, ce n'était encore qu'un "endroit déserté".

Mais "la place a vite manqué" et le prix des funérailles n'a cessé d'augmenter au fil des ans.

En 1967, sa famille avait payé 50 roupies pour enterrer son grand-père. Un parent inhumé par la mafia en 2020 en a coûté 33.000.

"Le problème de base, c'est que l'infrastructure est insuffisante", reconnaît Ali Hassan Sajid, un porte-parole de la municipalité.

Celle-ci gère 39 des quelque 250 cimetières de Karachi, dont celui de Pechs. Six d'entre eux sont fermés et les autres sont "presque pleins".

"En certains endroits de la ville, les infrastructures sont les mêmes qui existaient quand le Pakistan a été fondé" en 1947, avoue M. Sajid.

Il admet que la mafia continue à procéder à des inhumations dans des cimetières normalement fermés, mais assure que la municipalité s'efforce de mettre fin à cette pratique.

- 'La dernière trace' -

La pègre fait aussi régner sa loi sur les cimetières de Rawalpindi, Peshawar ou Lahore, selon la presse locale.

Le point de vue sur la mafia varie selon à qui vous parlez. Pour M. Sajid, les familles qui veulent à tout prix enterrer leurs proches auprès de leurs aînés sont prêtes à payer des sommes qui "appâtent le fossoyeur pour le faire succomber à sa cupidité".

Khalil, lui, estime fournir un service indispensable et n'en retirer qu'un maigre revenu.

Si certains s'accommodent de cette pratique, considérant qu'il en va ainsi de la vie dans une telle ville, elle est pour d'autres source d'angoisse.

Le père de Muhammad Abdullah Saif a été enterré au cimetière de Pechs il y a des décennies. Aujourd'hui, la tombe décatie est entourée de sacs de ciment vides et d'éclats de pierre tombale.

La mafia s'en prend généralement aux tombes non entretenues. "Nous devons venir régulièrement, sinon la tombe sera détruite", souligne M Saif.

Muzammil Asif doit marcher sur un terrain tout bosselé, au risque de se faire une entorse, pour atteindre la sépulture de sa jeune soeur, décédée l'été dernier. "Les tombes sont profanées quand on marche dessus", se désespère-t-il.

Au cimetière proche de Korangi, Muhammad Munir a connu la plus cruelle des pertes. Chaque année, il vient dans ce lieu où son père avait été enterré: un amphithéâtre de tombes en ruines, bordé de drapeaux élimés.

Mais la tombe de son père a disparu depuis bien longtemps. Elle a été démolie il y a plus de 20 ans et remplacée par une autre, qui a elle-même disparu pour faire place à une nouvelle.

Certaines années, quand M. Munir se rend sur place, il découvre des tombes récentes, portant des noms inconnus. Maintenant, il ne sait pas très bien où son père repose. "C'est douloureux", dit-il. "Sa tombe était la dernière trace de lui".

W.Tam--ThChM