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François, "le pape des pauvres", va avoir droit samedi à des funérailles grandioses dans une ferveur populaire place Saint-Pierre, où sont attendus plus de 200.000 fidèles, une cinquantaine de chefs d'Etat et une dizaine de têtes couronnées.
Dés l'aube, des milliers de personnes ont convergé dans les rues menant à la place, encadrés par des centaines d'agents de sécurité en tenue jaune et orange fluorescents équipés de talkies-walkies.
"On voit énormément de monde. Des jeunes ont passé la nuit à l'extérieur. Ça montre combien de fois le pape François a marqué", a confié à l'AFP Jean-Roger Mounguengui, Gabonais de 64 ans venu avec son épouse.
"C'est une journée vraiment historique", ajoute l'homme en costume sombre et cravate prune.
A l'ouverture des accès à la place peu après 06H00 (04H00 GMT), nombre de fidèles ont couru pour tenter d'avoir une place assise. Plusieurs ont des drapeaux de leur pays sur le dos. D'autres exhibent une photo du pape François sur des banderoles.
"Oh mon Dieu, je n'arrive pas y croire", lance une jeune américaine en arrivant sur la place.
La mort, lundi de Pâques, d'un AVC à l'âge de 88 ans du premier pape sud-américain qui avait été élu en 2013, a suscité une émotion et des hommages planétaires.
Le président américain, accompagné de son épouse Melania, est arrivé à Rome vendredi soir et pourrait avoir des entrevues bilatérales en marge de la cérémonie, avec par exemple la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à propos de la hausse des droits de douane que M. Trump a imposée.
En revanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi soir qu'il n'était pas certain d'"avoir le temps" de faire le déplacement.
La messe au rituel très solennelle doit débuter à 08H00 GMT dans le cadre majestueux de la place Saint-Pierre, un écrin posé face à la basilique et enchâssé dans la colonnade du Bernin.
Elle sera présidée par le doyen du collège des cardinaux, l'Italien Giovanni Battista Re. Des écrans géants ont été installés tout le long de la Via della Conciliazione, la grande artère reliant le Vatican aux rives du Tibre, pour permettre à la foule de la suivre.
Cette semaine, plus de 250.000 personnes ont patienté pendant des heures pour se recueillir devant la dépouille du chef de 1,4 milliard de catholiques, exposée sous les ors de la basilique Saint-Pierre. Face à cet afflux, le Vatican a même été contraint de laisser ouvertes les portes de la basilique jusqu'au bout de la nuit.
- Rois et reines -
Un élan reflétant la popularité de ce défenseur inlassable de la paix, des migrants et des laissés pour compte, devenu au fil des ans une boussole morale dans un monde toujours plus instable. Sa simplicité, sa bonhomie et son franc-parler, parfois abrasif, ont aussi contribué à élargir son audience au-delà des catholiques.
Le cercueil a été fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave qui élira le successeur de François.
Sa date n'est pas encore connue mais il devrait débuter autour du 5 mai.
Des milliers de chaises ont été alignées pour accueillir 224 cardinaux vêtus de pourpre, plus de 750 évêques et prêtres, mais aussi des représentants d'autres confessions venus rendre hommage à cet avocat du dialogue inter-religieux.
Comme pour Jean-Paul II en 2005, plus de 160 délégations de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront à ces funérailles en mondovision.
Outre le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, seront aussi présents pour l'Europe le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Keir Starmer. Le président russe Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a délégué sa ministre de la Culture Olga Lioubimova.
L'Amérique du Sud, continent d'origine de Jorge Bergoglio, sera représentée par son compatriote, le président argentin Javier Milei, et son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Ainsi que quelques têtes couronnées: le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique, le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince de Galles William représentant son père Charles III, le roi du Lesotho Letsie III, le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie, ainsi que le prince Albert II de Monaco et son épouse Charlène.
- Tireurs d'élite -
Les mesures de sécurité sont draconiennes.
La gendarmerie vaticane et les carabiniers italiens sont sur les dents et surveillent les accès au Vatican, dotés de contrôles de sécurité semblables à ceux d'un aéroport, dont des scanners à rayons X.
Une zone d'exclusion aérienne au-dessus de Rome est en place et des unités antidrones ont été déployées avec des brouilleurs d'ondes. Des avions de chasse sont aussi prêts à décoller et des tireurs d'élite sont positionnés sur les toits.
Au terme de la messe, le cercueil sera escorté de l'autre côté du Tibre dans le centre de la Ville éternelle, jusqu'à la basilique Sainte-Marie-Majeure.
C'est dans cet imposant sanctuaire du Ve siècle abritant déjà les tombeaux de sept papes que François a choisi d'être inhumé.
Un groupe de personnes démunies sera présent à son arrivée sur les marches de la basilique, a annoncé le Vatican, rappelant que les pauvres avaient une place privilégiée "dans le coeur et le magistère du Saint-Père, qui avait choisi le nom François pour ne jamais les oublier".
Située justement dans une petite niche près de l'autel dédié à saint François, la sobre tombe en marbre portera comme seule inscription "Franciscus", François en latin.
Jorge Bergoglio, très attaché au culte de la Vierge Marie, avait l'habitude de se recueillir dans cette basilique, qui fait partie du territoire du Vatican, à la veille et au retour de ses visites à l'étranger. Il y a donc une certaine logique à ce que ce soit la destination de son ultime voyage.
A.Sun--ThChM