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Des corps ont été découverts aux abords d'un camp militaire malien, quelques jours après l'arrestation par l'armée et de paramilitaires du groupe russe Wagner de dizaines de civils appartenant pour la plupart à la communauté peule, ont affirmé mercredi à l'AFP plusieurs témoins et une organisation locale.
Le 12 avril, des soldats de l'armée malienne et des mercenaires russes ont arrêté des dizaines d'hommes au marché de Sébabougou (ouest) pour les emmener au camp militaire de Kawla, ont affirmé deux rescapés ayant fui en Mauritanie.
Le Mali, pays pauvre d'Afrique de l'Ouest dirigé par une junte, est en proie aux agissements de groupes jihadistes. Les militaires au pouvoir se sont éloignés des anciens alliés occidentaux pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Un premier témoin raconte que lui et d'autres hommes ont été interrogés sur leurs rapports avec les jihadistes: "Ils ont fouetté les gens."
L'homme explique que les paramilitaires russes l'ont emmené avec d'autres hors du camp pour être exécutés: "Les militaires blancs ont tiré sur nous en rafale. Je suis tombé comme les autres. Très rapidement, les militaires sont partis. Moi je n'étais pas mort mais je suis resté couché pendant plusieurs heures. J'ai vu près de 70 corps."
Un second témoin qui a également fui le pays dit avoir échappé à la mort: "J'étais dans le groupe qui est resté (dans le camp) quand les autres sont sortis pour être tués."
"On a une liste de 65 personnes qui aujourd'hui sont portées disparues. Ce sont majoritairement des Peuls", a indiqué à l'AFP mercredi une organisation communautaire locale ne souhaitant par être identifiée.
La communauté peule est régulièrement la cible d'amalgames l'assimilant aux jihadistes.
Un troisième témoin affirme s'être rendu lundi à proximité du camp pour chercher ses proches arrêtés: "Ce que nous avons vu est terrible. Des corps, des gens tués, des civils".
Le jeune homme d'une vingtaine d'années affirme qu'il n'a pas été arrêté car malade le jour de la rafle. Comme d'autres témoins et habitants de Sébabougou, il a fui vers la Mauritanie.
"Ils ont tué gratuitement des gens", témoigne-t-il à l'AFP.
"Ils ont découvert des corps éparpillés partout en état de putréfaction. Ils n'ont pu reconnaître qu'une seule personne parmi elles", décrit l'organisation communautaire locale.
L'armée malienne et son allié, le groupe paramilitaire russe, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.
En février, une vingtaine de civils ont été tués dans le nord du Mali quand leurs véhicules ont été pris pour cible par l'armée et des mercenaires, selon des sources locales.
Depuis qu'ils ont a pris le pouvoir lors de coups d'État en 2020 et 2021 au Mali, les militaires ont rompu la vieille alliance avec l'ancienne puissance coloniale française et se sont ensuite tournés vers la Russie.
Le Mali est en proie depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI) et aux violences de groupes communautaires et crapuleux.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé en décembre dernier les "atrocités" commises contre les civils par l'armée malienne et son allié russe Wagner, ainsi que par les groupes armés islamistes.
D.Pan--ThChM