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Le parquet antiterroriste s'est saisi mardi de l'enquête sur une série d'attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, ciblés depuis dimanche par des incendies de véhicules et des tirs à Toulon, actes parfois accompagnés de slogans anarchistes.
A la suite des faits intervenus entre dimanche et mardi visant différentes prisons et l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (Enap), "le parquet national antiterroriste se saisit de l'enquête", a-t-il annoncé dans un communiqué.
Celle-ci est confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, aux services locaux et à la direction générale de la sécurité intérieure.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la piste anarchiste semble prendre le pas dans la vaste majorité des faits, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Dénonçant des "tentatives d'intimidation", le ministre de la Justice Gérald Darmanin est attendu dans l'après-midi au centre pénitentiaire de Toulon, visé par des tirs, pour apporter son soutien aux agents sur place.
"La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels", a déclaré le garde des Sceaux sur X. "Elle est défiée et saura être ferme et courageuse".
- Bidon d'hydrocarbures -
Toutes les hypothèses sont envisagées, tempérait dès la matinée une source proche du dossier.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a demandé un renforcement "sans délai" de "la protection des agents et des établissements" pénitentiaires".
Selon le procureur de Toulon, Samuel Finielz, la porte du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède a été visée par des tirs "à l'arme lourde" effectués par "plusieurs individus" arrivés à bord d'un véhicule.
Une dizaine de douilles ont été retrouvées et une enquête pour "tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique" a été confiée à la gendarmerie, selon le magistrat.
Bruno Boudon, secrétaire général de l'Ufap-Unsa pour la région Paca, a affirmé que sept impacts de balle avaient été retrouvés sur la vitre blindée à l'entrée de l'établissement et qu'une autre avait traversé une porte métallique contiguë.
En outre, dans la nuit de lundi à mardi à Marseille, "10 véhicules pénitentiaires ont été tagués de l'inscription +DDPF+ (Droits Des Prisonniers Français)", a affirmé sur X la présidente du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (LR).
A Toulon, un grand sigle rouge orangé comportant les mystérieuses lettres "DDFM" a été inscrit sur la porte grise par laquelle entrent et sortent les fourgons pénitentiaires, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sur le parking de la maison d'arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), ce sont trois véhicules, dont deux appartenant à des agents pénitentiaires, qui ont été incendiés lundi soir, selon une source policière. Un bidon d'hydrocarbures de cinq litres a été retrouvé sur place.
Les images de vidéosurveillance ont permis de voir les deux auteurs pénétrant dans l'enceinte en passant par une butte de terre, incendiant chacun un véhicule, le troisième étant atteint par propagation.
- "Attaque frontale" -
Au centre pénitentiaire d'Aix-Luynes, la porte de la base du Pôle de rattachement des extractions judiciaires et de l'Equipe régionale d'intervention et de sécurité (PREJ-ERIS) a été incendiée, selon une source proche du dossier.
"Ces actes criminels sont une attaque frontale contre notre institution, contre la République, et contre les agents qui la servent au quotidien", a dénoncé le syndicat FO Justice, exigeant "une réponse forte, immédiate et sans ambiguïté de l'Etat".
"On attend une action coordonnée par les ministres de la Justice et de l'Intérieur", a de son côté déclaré à l'AFP Wilfried Fonck, secrétaire national de l'Ufap Unsa Justice, soulignant que l'administration pénitentiaire n'avait "pas les forces humaines pour assurer la sécurisation aux abords des établissements 24 heures sur 24".
Dans la nuit de dimanche à lundi, des incendies ont aussi touché le centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) et le parking de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (Enap) à Agen, selon plusieurs sources proches du dossier.
A Agen, un suspect de 43 ans a été brièvement placé en garde à vue.
Sept véhicules ont été "détruits ou dégradés en raison d'un incendie" sur le parking de l'Enap, selon le parquet local. Le procureur Olivier Naboulet a jugé qu'il était "trop tôt pour dégager des pistes précises, y compris sur la motivation du ou des auteurs de faits".
Selon une source policière, les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) et Valence (Drôme) ont aussi été touchés par des incendies de véhicules, dont certains avaient préalablement été tagués.
Z.Ma--ThChM