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Plusieurs dirigeants et missions d'observation ont reconnu lundi la réélection du président Daniel Noboa en Equateur, validée par l'autorité électorale du pays malgré les contestations de son adversaire de gauche Luisa Gonzalez.
Selon les résultats, toujours partiels vers 16H00 locales (23H00 GMT) lundi et portant sur 98% des bulletins, M. Noboa devance largement Mme Gonzalez, avec 55,6% des voix contre 44,4%.
Cette tendance s'est rapidement dessinée dimanche soir, quand le Conseil national électoral (CNE) l'a jugée "irréversible".
Depuis la station balnéaire d'Olon (ouest), sur la côte pacifique, Daniel Noboa, 37 ans, s'est réjoui dimanche d'une "victoire historique", trouvant "regrettable qu'avec une différence de 11, 12 points, on essaie d'une manière ou d'une autre de remettre en question la volonté des Equatoriens".
Sa rivale Luisa Gonzalez a dit depuis Quito ne pas reconnaître les résultats. "Je refuse de croire qu'il existe un peuple qui préfère le mensonge à la vérité (...) nous allons demander un nouveau décompte et l'ouverture des urnes", a déclaré la dauphine de l'ancien dirigeant socialiste Rafael Correa (2007-2017), figure clivante en Equateur, dénonçant une "fraude électorale grotesque".
Des mots repris par son mentor sur X, qui a affirmé que les voix pour Mme Gonzalez avaient "diminué" entre les premier et second tours, évoquant un phénomène "impossible sans cataclysme".
L'avocate de 47 ans aspirait à devenir la première femme à diriger le pays. Elle avait déjà perdu en octobre 2023 face à M. Noboa, alors surprise du scrutin convoqué par son prédécesseur Guillermo Lasso.
Héritier d'un magnat de la banane, Daniel Noboa incarne de son côté l'élite politique équatorienne issue du monde de l'entreprise et est tenant d'une ligne dure en matière de sécurité, marquée par l'envoi de militaires dans les rues et les prisons.
- Résultats "corrects" -
Selon le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, il existe une "concordance" entre les données de ses observateurs et celles de l'autorité électorale équatorienne. Il a félicité sur X Daniel Noboa pour "sa victoire".
Pour l'équipe d'observateurs de l'UE également, les résultats "sont corrects" et "sont obtenus de manière fiable", a indiqué le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares depuis Luxembourg.
Lundi, le président américain Donald Trump a, lui, qualifié son homologue équatorien de "grand dirigeant". "Il ne vous décevra pas !", a-t-il affirmé sur son réseau Truth Social.
Le dirigeant brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a salué sur X "le président réélu Daniel Noboa". Le Brésil "continuera de travailler avec l'Equateur pour défendre le multilatéralisme, l'intégration sud-américaine et le développement durable de l'Amazonie", a assuré le président de gauche.
De nombreux observateurs s'attendaient à un combat vote par vote au second tour. Les résultats sont donc "très surprenants", selon Pedro Labayen Herrera, spécialiste de l'Equateur au sein du Centre pour la recherche économique et politique (CEPR).
Ils traduisent le fait que "dans la société équatorienne, persiste encore un énorme sentiment anti-corréiste, dont on n'avait pas imaginé l'ampleur ni l'importance", analyse le chercheur.
"L'Equateur est divisé, mais malgré tout, je pense que nous, Equatoriens, comprenons que nous sommes dans une situation où l'unité est ce qui va nous aider à avancer, peu importe qui dirige le gouvernement", veut croire Camila Medina, une étudiante en architecture de 21 ans.
Selon le CNE, 84% des 13,7 millions d'électeurs appelés aux urnes dans ce scrutin obligatoire se sont rendus dans les bureaux de vote gardés par des milliers de militaires et policiers.
Dans la capitale, l'ambiance était festive dimanche soir après l'annonce des résultats. "Nous serons mieux équipés pour affronter (...) la mafia et absolument tout ce qui est mauvais dans le pays", a estimé Natalie Ulloa, administratrice de 26 ans, devant le siège du parti au pouvoir à Quito.
Ces dernières années, le pays andin de 18 millions d'habitants a connu une transformation brutale.
Ses ports sur le Pacifique, son économie dollarisée et sa position entre Colombie et Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, ont fait de l'Equateur une plaque tournante du trafic de drogue.
Autrefois considéré comme une oasis de tranquillité dans une région troublée, l'Equateur a connu en 2025 ses 50 premiers jours les plus sanglants de son histoire récente, avec l'équivalent d'une personne tuée par heure.
B.Carter--ThChM