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Au moins 52 personnes ont été tuées dans deux attaques dimanche soir dans le centre du Nigeria, secoué par des affrontements meurtriers intercommunautaires récurrents, a indiqué lundi à l'AFP un responsable de la Croix-Rouge.
Les attaques ont eu lieu dans les village de Zike et Kimakpa, dix jours après des attaques similaires qui ont fait plus de 40 morts dans la même zone, l'Etat du Plateau, situé entre le nord du Nigeria, majoritairement musulman, et le sud, majoritairement chrétien.
Les conflits fonciers, qui opposent souvent des éleveurs peuls musulmans à des agriculteurs majoritairement chrétiens, y dégénèrent parfois, en particulier dans les zones rurales où les forces de l'ordre sont largement absentes et où l'impunité prédomine.
"Nous avons jusqu'ici retrouvé 52 corps. Nous continuons à chercher", a déclaré le représentant de la Croix-Rouge, qui a souhaité garder l'anonymat, ajoutant que 30 personnes ont été blessées et 30 maisons brûlées.
L'organisation de défense des droits humains Amnesty International a de son côté annoncé un bilan de 54 morts, soulignant que des centaines de personnes avaient été déplacées depuis l'attaque de dimanche soir.
- "Ils ont tiré à l'aveugle" -
"Les assaillants, non identifiés, sont entrés dans le village et ont tiré à l'aveugle. Ils ont tué huit personnes, d'autres ont été blessées et des maisons ont été incendiées", a indiqué à l’AFP Dorcas John, une habitante du village de Zike.
John Adamu, un résident de Kimakpa, l'autre village attaqué, dit avoir entendu plusieurs coups de feu. "Ils ont tué 39 personnes et d'autres ont été blessées", a-t-il déclaré.
D'autres témoins ont raconté à l'AFP qu'une centaine d'hommes avaient fait irruption dans leur village.
Certains "ont utilisé des machettes", a déclaré Peter John, 24 ans, en montrant son neveu allongé sur un lit d'hôpital à Jos, la capitale de l'Etat. "Ce garçon a reçu les mêmes blessures que son père, qui a été tué", a-t-il ajouté, précisant que les deux frères et sœurs du garçon, dont un enfant en bas âge, ont également été poignardés.
Le mobile des attaques et l'identité des assaillants restaient inconnus lundi.
Les autorités locales ont condamné les attaques sans donner de bilan dans l'immédiat.
Les exactions dans l'Etat du Plateau sont l'un des multiples défis sécuritaires auxquels est confronté Bola Tinubu, le président du pays le plus peuplé d'Afrique.
Dans un communiqué, M. Tinubu a dit avoir "demandé aux agences de sécurité de mener une enquête approfondie sur cette crise et d'identifier les responsables de ces actes de violence". "Nous ne pouvons pas permettre que cette dévastation et ces attaques oeil pour oeil dent pour dent se poursuivent. Trop c'est trop", a-t-il ajouté.
"Nous ne permettrons plus que nos communautés soient transformées en champs de bataille. Il ne s'agit pas d'incidents isolés", a déclaré le gouverneur de l'Etat du Plateau, Manasseh Mutfwang, dans un discours.
"Cette série d'attaques représente une menace existentielle pour la vie et la subsistance des habitants qui vivent paisiblement dans l'État", a déclaré à l'AFP Joyce Ramnap, responsable de la communication du même Etat.
Début avril, des hommes armés avaient tué plus de 40 personnes dans la circonscription de Bokkos, également dans l'Etat du Plateau.
- Tensions foncières -
Et la semaine dernière, des militaires ont retrouvé le corps décapité d'un éleveur peul de 16 ans, porté disparu dans la circonscription de Bassa. Son bétail avait également été volé.
Avec l'augmentation de la population, la superficie des terres exploitées par les agriculteurs a augmenté, alors que les pâturages sont mis à rude épreuve par le changement climatique, dans le nord-ouest et le centre du Nigeria.
L'accaparement des terres, les tensions politiques et l'exploitation minière illégale aggravent les conflits.
L'enchaînement de meurtres suivis d'actes de représailles a donné naissance dans la région à une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions ciblées dans des villages pour s'y adonner à des pillages et enlèvements de masse.
Une attaque dans le village de Ruwi, fin mars, dans des circonstances similaires à celles de mercredi, avait fait dix morts. Des hommes non identifiés "avaient surgi dans le village et tiré à plusieurs reprises", avait rapporté à l'AFP un responsable du village, Moses John.
La tension est montée dans l'Etat depuis que 200 personnes y ont été tuées en décembre 2023 lors d'une attaque contre un village à majorité chrétienne.
En mai 2024, une quarantaine de personnes avaient été tuées et des maisons avaient été incendiées dans la localité de Wase.
D.Pan--ThChM